La méthodologie d'élaboration

Mis à jour le 14/09/2022

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Selon la méthodologie nationale, l’évènement de référence d’un PPRI est défini comme le plus fort événement connu à condition que celui-ci soit au minimum un événement de type centennal : c’est-à-dire ayant 1 chance sur 100 de se reproduire chaque année (on parle aussi de « période de retour de 100 ans »).

La tempête Martin du 27 décembre 1999 constitue l’événement historique retenu pour les études. Les informations liées à la direction et à la vitesse des vents, au coefficient de marée, à la pression atmosphérique sont connues. De même, les niveaux d’eau ont été enregistrés en de nombreux points de l’agglomération bordelaise, ainsi que sur les différents systèmes de mesure (au Verdon, à Ambès, à Bordeaux).

L’analyse des phénomènes hydrauliques locaux lors de la tempête Martin de 1999 a montré que cet événement possède une période de retour supérieure à 100 ans.

Les caractéristiques de la tempête Martin de 1999 ont donc servi de base pour la révision des 24 PPRI.

L’ensemble des très nombreuses brèches observées sur les digues de l’estuaire lors de cette tempête ne sont pas prises en compte pour la représentation de ces évènements : la configuration du territoire n’intervient pas dans la caractérisation de l’évènement, seuls les paramètres hydrométéorologiques permettent la définition de celui-ci.

Cette non-prise en compte des défaillances se traduit par une rehausse du niveau d’eau maximal en lit mineur au niveau de Bordeaux par rapport à celui qui a été observé lors de l’évènement réel, du fait d’un volume moindre débordé sur les secteurs à l’aval (Médoc et Blayais essentiellement) : les études montrent une rehausse de +13 cm pour les niveaux d’eau maximaux au marégraphe de Bordeaux par rapport aux observations.

La prise en compte du réchauffement climatique

La réglementation impose également de prendre en compte, pour tous les événements liés à un phénomène maritime, la montée des eaux induites par le changement climatique. Cette dernière est basée sur les hypothèses du GIEC (Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat) de leur dernier rapport (février 2010) à l’époque de la rédaction de la circulaire du 27 juillet 2011.

Le futur PPRI prendra donc en compte, conformément aux directives de cette circulaire :

  • un aléa de référence : il s’agit donc de celui basé sur les caractéristiques de l’événement de décembre 1999, auquel on ajoute une rehausse de 20 cm du niveau d’eau au Verdon pour intégrer la rehausse des océans depuis 15 ans.
  • Un aléa 2100 qui intègre une nouvelle rehausse de 40 cm du niveau d’eau de l’océan par rapport celui retenu pour l’aléa de référence. Il permet de s’assurer sur le long terme que les habitations construites aujourd’hui seront pérennes et d'apporter des prescriptions pour les projets d’urbanisation.

La rehausse de 20 cm du niveau marin imposé au Verdon se traduit, pour des conditions hydrométéorologiques données et identiques à celles observées lors de la tempête Martin, par une rehausse du niveau d’eau maximal de +1 cm environ au marégraphe de Bordeaux.

Ces conditions expliquent que des secteurs apparaissent comme inondables dans les PPRI alors qu’ils ne l’ont pas été lors de la tempête de 1999.

La prise en compte des systèmes de protection

La prise en compte des systèmes de protection doit considérer l’ouvrage :

  • en tant qu’objet de danger potentiel (en cas de rupture) puisqu’il peut générer des « suraléas » en cas de rupture,
  • en tant qu’objet de protection, dans les cas où le dimensionnement et la qualité de l’ouvrage lui permettent de limiter effectivement l’inondation du territoire considéré.

L’élaboration du projet de PPR repose sur le principe fort qu’une zone protégée par un ouvrage de protection reste une zone inondable.

Aucun ouvrage ne peut être considéré comme infaillible, quelles que soient ses caractéristiques

Pérennité des ouvrages

La méthodologie du guide de mai 2014 ainsi que la circulaire du 27 juillet 2011 indiquent les critères de pérennité au regard de l’évènement de référence.

Ces critères portent sur plusieurs aspects :

  • la détermination du niveau de protection d’un secteur, en fonction de la hauteur et l’état des ouvrages, au regard des hauteurs d’eau de l’aléa de référence, d’éléments techniques fournis par le gestionnaire (notamment issus des études de danger),
  • le responsable doit s’engager à maintenir sur le long terme ces ouvrages en conformité avec la réglementation relative au contrôle de la sécurité des ouvrages hydrauliques et l’objectif de protection susmentionné. Le gestionnaire considéré doit être pérenne à l’échelle des politiques d’urbanisme,
  • la commune doit être dotée d’un plan communal de sauvegarde (PCS),
  • l’ouvrage de protection doit disposer d’un dispositif de ressuyage des eaux,
  • le caractère submersible du tronçon et sa capacité à résister à la surverse,
  • le caractère franchissable par paquets de mer du tronçon et sa capacité à résister aux franchissements,
  • la constatation de détériorations majeures de l’ouvrage ou d’une conception manifestement insuffisante pour résister à l’événement de référence,
  • la simulation de défaillances sur ces ouvrages afin d’en appréhender les conséquences.

Les scenarii de tenue des ouvrages

Plusieurs scénarios d’inondabilité ont été simulés afin d’intégrer les divers états possibles des ouvrages de protection.

Trois configurations sont étudiées :

L’ensemble des ouvrages de protection jouent leur rôle sans défaillance

Cette hypothèse, qui considère que les ouvrages de protection existants tiennent bon, est la plus impactante pour les secteurs non protégés.

En effet, pour les secteurs non protégés par un endiguement, c’est-à-dire protégés par un quai ou par le terrain naturel, l’aléa le plus important est, dans la plupart des cas, obtenu pour la configuration sans défaillance des protections sur les secteurs adjacents .

Ce scénario est utile pour obtenir les limites de la zone inondable sans défaillances du système de protection.

Aucune protection n’est prise en compte

Ce scénario de « défaillance généralisée » est imposé par la réglementation. Cette dernière considère qu’il n’est pas possible de prévoir l’état des protections dans plusieurs décennies.

Dans la simulation, chaque digue subit donc une « ruine » complète : l’ouvrage est « effacé » de manière théorique sur toute sa longueur jusqu’au niveau du terrain naturel situé derrière lui.

Défaillances ponctuelles des ouvrages de protection

L’objectif de ce scénario est de définir l’aléa en cas de défaillances ponctuelles des protections pour les zones en principe protégées.

Ces défaillances sont modélisées par des ruptures (brèches) sur des tronçons de l’ouvrage tout le long du linéaire.

Choix des scenarii

En fonction des garanties vues plus haut, chaque ouvrage est classé comme pérenne ou non, classement qui va influer sur le choix des scénarios.

Pour les ouvrages « non-pérennes », l’aléa de référence (ie utilisé pour la suite de l’étude) intègre le croisement des résultats obtenus pour les trois configurations décrites plus haut : « sans défaillance », « défaillance généralisée », et « défaillances ponctuelles ».

Les aléas de référence lorsque les ouvrages sont pérennes résultent de la combinaison du scénario « sans défaillances » et du scénario de « défaillances ponctuelles ».

Pour chacune des configurations, les aléas maximaux calculés en chaque point du territoire sont retenus au final.

La bande de précaution

Derrière les structures jouant un rôle de protection, faisant de fait obstacle à l'écoulement, des aléas particuliers doivent être pris en compte.

Quel que soit l’ouvrage, le PPR Plan de prévention des risques détermine une bande de précaution inconstructible immédiatement en arrière de l’ouvrage pour limiter les risques en cas de rupture de l’ouvrage.

Par défaut cette bande de précaution est définie par l’application d’une distance forfaitaire : 100 fois la distance entre la hauteur d’eau maximale atteinte à l’amont de l’ouvrage et le terrain naturel immédiatement derrière l’ouvrage, sauf si le terrain naturel atteint la cote NGF du niveau de référence du PPRL. Ceci est illustré par la figure suivante :

Cette bande forfaitaire ne pourra dans aucun cas être inférieure à 50 mètres. Cette bande pourra éventuellement être adaptée, notamment sur la base d’éléments techniques fournis par le gestionnaire de l’ouvrage (sauf si le terrain naturel atteint la cote NGF du niveau de référence du PPRL).

De la zone inondable à la carte d’aléas de référence

À partir de ces simulations, une zone inondable est définie pour chaque scénario. Pour lequel une carte d’inondation est produite et déclinée ensuite en aléa.

La modélisation calcule également pour ces zones inondables les hauteurs et vitesses d’eau maximales obtenues. Ce sont ces deux critères qui définissent la nature de l’aléa, pour chaque secteur concerné.

Le recensement des enjeux présents sur le territoire

Lors des études, on s’attache également à identifier précisément les habitations, les activités économiques, les équipements et les infrastructures qui constituent les « enjeux » du territoire. Ce terme englobe en effet l’ensemble des personnes, biens et activités susceptibles d’être affectés par l’inondation.

Ce recensement est ensuite reporté sur une carte qui distingue zones urbaines (urbanisées) et zones naturelles (peu ou pas urbanisées), centres urbains, secteurs spécifiques (zones industrialo-portuaires).

Le zonage et son règlement

Une fois l’aléa et les enjeux cartographiés, l’étape finale du Plan de Prévention du Risque Inondation consiste à établir « par croisement » le zonage du territoire et à rédiger le règlement applicable à chaque zone.

La couleur d’une zone dépend ainsi de deux facteurs : sa vulnérabilité au regard du risque d’inondation d’une part, la présence d’enjeux d’autre part (Voir tableau zonage ci-dessous).

Quant au règlement, fondé sur des principes d’interdictions ou de prescriptions formulés dans un guide méthodologique national, il s’adaptera à la spécificité du territoire. Ce règlement s’appliquera notamment aux nouvelles constructions, à l’existant et à certains usages du sol (parking, remblai, réseaux…).

Il imposera également des mesures de réduction de la vulnérabilité aux inondations aux biens existants.

Les cartes des cotes de seuil sont réglementaires et à ce titre associées au règlement.

Les valeurs des cotes de seuil sont calculées à partir à partir de l’aléa à l’horizon 2100 permettant d’intégrer les données du réchauffement climatique.

Ces valeurs sont utilisées dans les prescriptions constructives. Elles permettent de définir le niveau des premiers planchers aménagés auquel devront être implantées les constructions.